Solidarité Résistance Antifa
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Rappel des faits

1994, par Solidarité Résistance Antifa

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Le 4 avril 1994, des cadres néo-nazis se réunissent à Berlin dans un restaurant, au cœur d’un quartier à forte population immigrée. Étant donné le climat de terreur fasciste en Allemagne, cette réunion est prise comme une provocation : une mobilisation spontanée est organisée. Un groupe de personnes masquées attaque alors le meeting, blessant grièvement deux fascistes, dont Gerhard Kaindl, cadre de la Deutsche Liga, qui succomba à ses blessures. La répression policière à l’encontre de la communauté immigrée, et en particulier contre l’organisation de jeunes antifascistes turcs et kurdes Antifasist Gençlik, est particulièrement sévère : perquisition, menaces… Les médias, et pas seulement ceux d’extrême droite, ne sont pas en reste, avec notamment des appels à témoins, alors même qu’aucune preuve de culpabilité ne peut être avancée. De plus, des liens ténus entre la police et la scène néo-nazie permettent une véritable chasse à l’homme.

En novembre 1993, Erkan, âgé de 18 ans et souffrant de troubles psychologiques, se livre à la police ; il sera détenu sans contact avec un avocat pendant deux semaines, au cours desquelles il aurait témoigné contre dix autres personnes. Incarcéré, il tente de se suicider pour finalement être placé dans une clinique psychiatrique. Suite à ces déclarations, la police arrête Fatma et Mehmet, puis Bazdin (qui témoignera à son tour contre les dix autres), tandis que Abidin se livre à son tour à la police. Les modes d’arrestations comme les conditions de détention (isolement total pour Fatma pendant 3 mois) révèlent la spécificité raciste de la procédure. En avril 1994, un dossier d’inculpation est ouvert à partir des déclarations d’Erkan et de Bazdin, pour "meurtre en commun" et "tentatives de meurtre à six reprises", devenu par la suite "coups et blessures graves à six reprises". Mi-juillet, Seyho, jeune antifacsiste kurde, est arrêté alors qu’il allait se livrer à la police allemande ; enfin, Carlo, antifasciste allemand, se livre à la police le 5 septembre dernier.

Pour prendre conscience de la dimension politique du procès qui débutera le 20 septembre, il faut savoir que l’acte d’accusation du procureur de la République considère le meurtre comme prémédité et mettant en cause sans distinction tous les accusés, selon le principe de la responsabilité collective, alors même que le juge va chercher à déterminer quel est l’auteur du meurtre. Cette volonté de l’État allemand de faire de ce procès une affaire politique est claire, et il doit s’agir pour nous dénoncer cet état de fait, tout en manifestant notre soutien aux prisonniers.


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