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Ma perm’ est annulée

Yves Peirat

mercredi 8 mai 2002

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Salon, le 08 / 05

Salut à tous et à toutes,

Vous devez déjà être au courant, mais une confirmation écrite de ma part est nécessaire.

Vous savez qu’étant donné le contexte, il m’a été difficile d’obtenir une permission de trois jours. Je devais bénéficier de celle-ci pour le vendredi 10 mai. Mais mardi 7 mai à 17h30, j’ai été convoqué par la direction du centre de détention pour apprendre que suite à un coup de fil du parquet, la juge d’application des peines a décidé de reporter cette permission à dans un mois. Le motif était que des tracts demandant ma libération et l’enfermement de Jean-Marie Le Pen ont été diffusés abondamment lors des dernières manifs anti-FN à Marseille. Sous-entendu : ma sortie en perm’ serait de nature à " provoquer des troubles à l’ordre public ".

Outre que le contexte sera le même dans un mois (ce sera les législatives du 9 au 16 juin), il faut rapprocher cette décision de celle concernant la libération de l’un des inculpés de l’affaire Ibrahim Ali, en conditionnelle, grâce à son embauche par la mairie de Vitrolles (ainsi que celle de son fils).

Il semblerait donc que quelques kilos de gravats pèsent plus lourd que la vie d’un gosse de 18 ans, y compris dans le contexte qui a vu le leader du FN présent au deuxième tour de l’élection présidentielle...

En ce qui me concerne, j’analyse cette situation comme destinée à me faire payer mon absence de regrets et de reniement de mes actes, que concrétise mon refus de paiement des parties civiles, en l’occurrence la mairie de Vitrolles, et les militants du FN comme Baumann.

D’autre part, il est clair que cette décision est aussi dirigée contre la solidarité extérieure qui n’a pas fléchie depuis plus de 30 mois. On aimerait donc que je fasse amende honorable et que ma famille et mes ami(e)s présentent un profil bas, et peut-être alors, on me laisserait sortir.

Enfin, cela augure du futur des luttes à venir, dans le cadre de la politique dite sécuritaire qui sera menée par le nouveau gouvernement, quelle que soit sa couleur politique.

Que les choses soient claires, une fois pour toutes.

Je ne mendierais ni une conditionnelle, ni une permission. J’ai appris par mon éducation et par la vie qu’un homme, c’est exactement le rapport entre ses exigences morales et sa pratique.

Il est hors de question que je transige sur l’une ou l’autre, sinon cela signifierait que ce que nous avons fait n’avait aucun sens. Hors je pense qu’à la lumière du 21 avril, nos actions ont repris toute leur signification première : celle d’un avertissement destiné à réveiller les consciences et à ouvrir les yeux, devant ce qui était en train de se passer (cf. les deux textes de revendications, particulièrement le dernier). Ainsi donc, nous avions vu juste en pronostiquant ce qui est arrivé ce dimanche. Pour autant, il faut rester lucide. La France n’a pas versé dans le fascisme... du moins pas encore (c’est mon côté optimiste qui parle). L’extrême droite a franchi un nouveau pallier. Le vote FN est aujourd’hui un vote d’adhésion à 80%. Il lui reste un dernier pallier à franchir. Ce sera l’occasion des régionales en 2004, où il sera en mesure de s’emparer de la présidence de certaines régions, particulièrement la PACA, grâce à la nouvelle loi votée après 1998, accordant 30% des sièges en plus à la liste arrivée en tête. Nous n’avons pas beaucoup de temps, pour infléchir la tendance. Les prochaines années vont être très difficiles. Mais j’ai bon espoir, au vu de la mobilisation, surtout de la part des jeunes.

Un dossier et un texte d’analyse suivront.

Amitiés rouges et noires.

Yves


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