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Chronique de Yves Peirat

mercredi 28 novembre 2001

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Malgré les contraintes liées à l’enfermement, Le principal animateur des FTP continue à analyser la situation politique et sociale, toujours sans concessions. Extraits, tirés des courriers envoyés au SRA, publiés dans Franc-Tireur 8

Salon, le 28 novembre 2001

Le fait intéressant de la campagne présidentielle est l’émergence de Jean-Pierre Chevènement, qui réussit à faire la synthèse d’une certaine gauche nationale-républicaine et de la droite extrême, démontrant par là-même que l’idée nationale et celle d’un État fort ont encore de belles perspectives devant elles. Il faut maintenant attendre de voir si les candidatures de Christine Boutin et celle de Charles Pasqua réduiront son potentiel électoral actuel ; pour ma part, je ne le pense pas.

L’Europe s’installe doucement dans le libéral-totalitarisme teinté ici et là de taches brunes : Autriche, Italie, et aujourd’hui Danemark. Les idées de l’extrême droite recyclées par les libéraux et la social démocratie semblent aujourd’hui plus "fréquentables"... On n’hésite plus à passer des alliances, à faire route commune. Les tensions s’exacerbant, les souffrances des peuples et les inégalités s’accroissant, le principal problème des maîtres du monde devient celui du maintien de l’ordre, de même que la guerre constitue, vieille évidence, la poursuite de la politique par d’autres moyens, de même que la réponse policière et juridique qui s’aggrave à chaque occasion n’est que l’expression physique et morale de la violence exercée chaque jour, partout dans le monde, par le capitalisme et l’accélération de son processus de mondialisation. C’est le masque arraché aux " démocraties de marché " (masque que le libéral-fasciste Berlusconi ne s’est même pas donné la peine de porter), qui ne peuvent même plus tolérer que l’on viennent contester leurs décisions.

Göteborg, Gênes, l’actuelle uniformisation au niveau européen des lois dites " antiterroristes " dont on s’aperçoit qu’elles ont des visées qui vont bien au-delà, mettent en évidence la ligne blanche au-delà de laquelle le " ticket " démocratique n’est plus valable. Et il y a fort à parier que dans les années qui viennent, si rien ne change, cette ligne-là enfermera les protestations et les " protestataires ", y compris les plus réformistes, dans un espace de plus en plus réduit. De la même façon, les lois sur l’immigration ont de plus en plus tendance à réduire l’Europe à une forteresse. Si l’on veut changer la vie et le monde, il est vain de penser qu’on pourra le faire sans affrontement : il faut donc s’y préparer, s’équiper en pensée.

D’autres, tels les ouvriers de Cellatex, d’Adelshoeffen ou encore, plus récemment, de Moulinex ont redécouvert les vertus du sabotage qui fut si souvent pratiqué par les ouvriers dans les premières décennies du capitalisme. Cette violence sociale est à mon sens plus intéressante que celle attribuée aux " black blocs ", car elle s’attaque à un des fondements du Capital, celui de la propriété industrielle. C’est une riposte à la hauteur des offenses et des agressions auxquelles se livre le Capital chaque jour. La violence ? grande question décidément ! Mais pas question de tendre l’autre joue en attendant la réponse. H

Yves Peirat


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