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Limoges : Non à la criminalisation de l’antifascisme !

SCALP-REFLEX Limoges

mardi 1er mai 2001

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Extrait de Franc-Tireur 7, bulletin de soutien aux FTP

Depuis la scission du FN en deux formations distinctes et rivales, les "observateurs" de la vie politique française, bien vite relayés dans leur optimisme par les médias, ont cru voir dans ce bouleversement la fin de l’extrême droite. Rapidement, les caméras se sont tournées vers d’autres sujets et les articles consacrés au FN et au MNR relèvent désormais plus du bilan que de l’analyse formelle.

Depuis la scission du FN en deux formations distinctes et rivales, les "observateurs" de la vie politique française, bien vite relayés dans leur optimisme par les médias, ont cru voir dans ce bouleversement la fin de l’extrême droite. Rapidement, les caméras se sont tournées vers d’autres sujets et les articles consacrés au FN et au MNR relèvent désormais plus du bilan que de l’analyse formelle.

Ne pas vendre la peau de l’ours

Du côté de certains groupes militants, c’est aussi le moment de plier les drapeaux. Le mirage du travail accompli et de la victoire apparente conduit naturellement de nombreux collectifs locaux à choisir l’arrêt des luttes. Pourtant, le SCALP-REFLEX, parmi d’autres formations, dont l’antiracisme est directement lié à la lutte contre le capitalisme et ses avatars, dans une logique de lutte des classes, ne croit pas à la défaite de l’extrême droite. Les brouilles entre mandarins du fascisme à la française ne remettent (malheureusement) pas en cause la fameuse "lepénisation des esprits". À l’heure où 70% des habitants de notre pays se déclarent racistes, à l’heure où les sans papiers se heurtent aux lois scélérates de la république-cratie, à l’heure où l’activisme bonehead connaît une résurgence certaine (concerts RAC, attaques de librairies, de squats, etc.), rien n’est plus actuel et nécessaire que la lutte antifasciste radicale.

C’est dans ce cadre politique que le SCALP-REFLEX Limoges a rédigé un tract antifasciste destiné en priorité, dans son ton et dans sa teneur, à la population lycéenne et plus globalement aux jeunes. Même si l’antiracisme bon teint est en effet généralisé chez les jeunes, la lutte antifa appartient au passé.

Peste brune et colère rouge

Afin de montrer que ce passé trouve pourtant bien ses marques dans le présent et que la proximité géographique de l’extrême droite est bien réelle, nous décidons de pointer du doigt quelques boutiques tristement célèbres en ville, dans le double but d’informer et d’appeler au boycott. Une pharmacie tenue par le responsable local du MNR, un tatoueur et deux magasins de fringues et breloques "skins" sont ainsi cités. C’est le gérant d’une de ces deux boutiques qui portera plainte pour diffamation envers son commerce, décrit par nous comme "un repère notoire de skinheads".

Nous décidons, puisqu’il doit y avoir procès, de jouer la carte médiatique et entamons une campagne d’information autour de l’affaire.

Finalement, le jour du jugement, un rassemblement est organisé. Dans la rue et dans le prétoire, c’est un franc succès puisque nous sommes tout bonnement relaxés après des heures de palabres autour de la "skinitude" réelle ou supposée du lieu.

Pourtant, le gérant du magasin fait appel et c’est le début de la fin. Nous sommes condamnés à verser une amende de 10 800 francs (5000 francs d’amende, autant de dommages et intérêts et 800 francs de frais de justice). Les différentes initiatives (appel aux dons, concerts, manifestations, soirées de soutien, etc.) vont nous aider à surmonter ce qui restera de la publicité la plus chère qu’on ait jamais eu à payer.

Ami si tu tombes...

Si nous ne pouvons pas comparer notre action à celles revendiquées par exemple par le FTP Yves Peirat (engagement que nous respectons au plus haut point), il est certain que, par des moyens certes différents, nous nous retrouvons aujourd’hui devant les juges pour une démarche commune. Sachons tirer les leçons de ces coups durs et que ces peines servent à amorcer une réflexion autour des moyens à utiliser dans le combat qui est le nôtre, un combat qui s’articule au sein même d’une société dite démocratique et prétendument antiraciste, mais qui s’accommode très bien dans le même élan de la présence fasciste (qu’elle soit institutionnelle ou marginale) comme une des expressions excessives et caricaturales certes, mais proprement inévitables du capitalisme en place.

Leurs verdicts forgent notre détermination

SCALP-REFLEX Limoges


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