Solidarité Résistance Antifa
Accueil du site > Solidarités > Communiqué sur l’illégalisation de la manifestation antifasciste du (...)

Communiqué sur l’illégalisation de la manifestation antifasciste du 24 novembre

mardi 20 novembre 2007, par Solidarité Résistance Antifa

imprimer

Conférence de presse de la Coordination antifasciste de Madrid sur les récentes agressions et l’interdiction par la Délégation du gouvernement de la manifestation préalablement autorisée pour le samedi 24 novembre.

Le dimanche 11 novembre dernier, l’organisation d’extrême droite Democracia Nacional avait appelé à une manifestation contre l’immigration dans le quartier d’Usera.

Ce matin-là, un fasciste par ailleurs soldat professionnel qui se rendait à ladite manifestation a tué Carlos, un jeune vallecano de 16 ans qui avait décidé de se rendre dans le quartier d’Usera pour rejeter le racisme et pour faire face aux agressions fascistes croissantes qui se produisent dans notre ville.

Au cours de l’agression, un autre camarade antifasciste, Alejandro, a été poignardé au poumon. Nous espérons son prompt rétablissement, ainsi que celui des camarades blessé(e)s pendant les charges policières qui ont eu lieu par la suite, particulièrement Torres, d’Alcorcón, qui a reçu un coup de crosse dans la tête, qui a ensuite été arrêté et qui se trouve toujours dans un état grave.

De plus, nous voulons envoyer une forte accolade de douleur et de tendresse à tous les membres de la famille et amis de Carlos. Aujourd’hui plus jamais nous devons rester toutes et tous unis.

Face à ces terribles événements, la Coordination antifasciste de Madrid déclare :

En premier lieu, il est nécessaire de dénoncer la fausse image qui est en train d’être construite par certains médias : la mort de Carlos n’est pas le produit d’une bagarre ou d’un affrontement entre bandes ; la réalité est toute autre. Carlos a été assassiné en raison de ses convictions politiques, il a été assassiné car il était antifasciste et car il rejetait le racisme et la xénophobie. Comme l’ont signalé hier divers porte-parole de l’Association des habitants d’Usera, il est nécessaire de reconnaître publiquement l’immense valeur éthique et morale de Carlos, qui a donné sa vie pour la cohabitation et contre le racisme.

Par ailleurs, les agressions et l’assassinat de dimanche dernier ne peuvent pas non plus être traités médiatiquement comme étant des cas isolés ; ils ne sont pas des cas isolés, rappelons-nous de Sonia, transsexuelle assassinée à Barcelone le 5 octobre 1991, de Lucrecia Pérez, immigrante dominicaine assassinée à Madrid le 13 novembre 1992, de Guillem Agulló i Salvador, poignardé à Castellón le 11 avril 1993, rappelons-nous de Ricardo Rodríguez García, assassiné le 21 mai 1995 à Alcorcón, de David González Rubio, poignardé à Madrid le 20 janvier 1996, d’Omar Amhandi, Maghrébin roué de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive le 11 juillet à Barcelone, d’Augusto Ndombele Domingos, Angolais assassiné à madrid le 20 juin 2002, et de tant d’autres cas qu’il faudrait ajouter à la longue liste de victimes occasionnées par le fascisme et le racisme tout au long de l’Histoire.

En second lieu, nous dénonçons la protection institutionnelle dont bénéficient les organisations fascistes quand ils manifestent dans nos quartiers, villages et villes. La manifestation de dimanche dernier, appelée par Democracia Nacional, avait été préalablement autorisée par la Délégation du gouvernement, bien que constituant de manière claire et évidente une expression publique de racisme et de xénophobie, ce qui est reconnu comme étant un délit pénal.

La manifestation contre l’immigration de dimanche dernier à Usera a constitué un appel clair à la violence raciste ; l’assassin de Carlos se rendait au rendez-vous de Democracia Nacional armé d’une machette.

Comment la Délégation du gouvernement a-t-elle pu permettre une manifestation contre l’immigration dans un quartier ouvrier comme Usera, où cohabitent différentes cultures et des travailleurs d’origines variées ?

Pour cela, et en troisième lieu, nous voulons dénoncer la terrible irresponsabilité qu’a commis la Délégation du gouvernement en légalisant et en permettant la manifestation raciste et xénophobe de dimanche dernier.

Par rapport à cela, nous voulons informer publiquement que la Coordination antifasciste de Madrid a été créée en 1989, précisément pour répondre de manière populaire et organisée à cette triste situation de protection institutionnelle dont bénéficient les organisations racistes et d’extrême droite pour qu’ils puissent agir comme bon leur semble dans nos rues.

La Coordination antifasciste de Madrid a été créée en 1989 pour faire face aux agressions néonazies contre les immigrants, les mendiants, les homosexuels, les gens de gauche, etc.

Tout au long de ces 18 années, la Coordination s’est transformée en un espace de confluence de divers collectifs, et l’une de ses plus remarquables manifestations a été la célébration, chaque année, de la traditionnelle manifestation antifasciste autour de la date du 20 novembre.

Comme il ne pouvait en être autrement après les événements de dimanche dernier, cette année la manifestation antifasciste, convoquée le samedi 24 novembre sous le thème de "Madrid antifasciste, anticapitaliste et antiraciste", entend incarner un hommage à Carlos, ainsi qu’à tous les camarades agressés dimanche dernier à Usera.

Il y a quelques jours, nous avons reçu une notification de la Délégation du gouvernement nous informant de ce que la demande de manifestation pour le 20 novembre avait été rejetée.

La Coordination antifasciste de Madrid veut dénoncer publiquement cette tentative de la Délégation du gouvernement de limiter les droits politiques et sociaux du mouvement antifasciste, et nous voulons manifester face à cela ce qui suit :

En premier lieu, nous voulons signaler que cette manifestation antifasciste traditionnelle a lieu depuis 18 ans sans qu’aucun gouvernement jusqu’à aujourd’hui, pas même ceux de Jose María Aznar, n’ait été si loin dans la violation d’un droit élémentaire démocratique comme l’est celui de manifester.

En second lieu, nous voulons informer de ce que la manifestation du 24 novembre avait été préalablement autorisée par la Délégation du gouvernement. Nous croyons qu’il est totalement illégal de revenir sur une décision administrative prise préalablement et déjà transmise. Qu’est-ce que cet Etat de droit qui autorise une manifestation et qui revient sur sa décision administrative quelques jours avant ? Où est la sécurité juridique ?

En troisième lieu, nous voulons aussi informer de ce que la communication de la Délégation du gouvernement interdisant la manifestation antifasciste du 24 novembre fait état de l’existence de nouveaux faits qui conditionnent ladite interdiction. Le nouveau fait fondamental ne peut être autre que l’assassinat de notre camarade Carlos du fait d’un fasciste.

Carlos a été assassiné par un fasciste qui se rendait avec une machette à une manifestation xénophobe autorisée par la Délégation du gouvernement, et elle nous interdit à nous, les camarades de cette victime, d’exercer ce même droit qui est garanti pour les assassins. Cette décision est très difficile à digérer, c’est une décision purement et simplement incroyable.

Mais ce n’est tout, cette même Délégation du gouvernement a autorisé ces jours-ci diverses manifestations de l’extrême droite se déroulant autour du 20 novembre.

Quelle est la politique de la Délégation du gouvernement : récompenser les fascistes et punir les victimes ?

Nous ne le comprenons pas, mais ce n’est pas seulement nous qui ne le comprenons pas, la décision de la Délégation du gouvernement ne va pas être partagée par des milliers de personnes qui sortiront dans la rue massivement et pacifiquement le 24 novembre pour se souvenir et rendre hommage à Carlos. Ils sortiront dans la rue parce que c’est absolument légitime et nécessaire de rendre hommage à notre camarade, et ils le feront massivement parce que c’est une tradition à Madrid de manifester pour rappeler que jamais ne s’oubliera la terreur fasciste, ni la terreur d’hier, ni celle d’aujourd’hui. Et cette année, il y a plus de raisons que jamais.

Les démonstrations de solidarité avec Carlos et sa famille arrivent de tous les coins de l’Etat, et même d’Europe et d’Amérique latine. Des manifestations ont eu lieu dans une multitude de quartiers, de villes et de villages.

C’est pour cela que la Délégation du gouvernement, avec cette décision erronée, est en train de commettre la grave erreur de considérer toutes ces personnes en marge de la légalité. Illégaliser la manifestation du samedi 24 novembre en hommage à Carlos constituerait une irresponsabilité énorme de la part de la Délégation du gouvernement, parce que la campagne est en marche et parce que nous sommes en train de recevoir une multitude d’adhésions de collectifs, d’associations de voisinage, de quartier... qui appellent également à venir manifester.

Pour toutes ces raisons, la Coordination antifasciste a déposé un recours devant le Tribunal supérieur de justice de Madrid quant à la décision de la Délégation du gouvernement de Madrid.

Enfin, nous lançons publiquement un appel à la Délégation du gouvernement pour qu’elle reconsidère la décision prise, en même temps que nous appelons tout le mouvement populaire antifasciste et antiraciste à venir manifester le 24 novembre, à 17h00, entre Atocha et Legazpi.

CARLOS, NOTRE FRERE, NOUS NE T’OUBLIONS PAS. ALEX, NOTRE AMI, NOUS SOMMES AVEC TOI. MEME PAS UN PAS EN ARRIERE, AUCUNE AGRESSION SANS REPONSE.

Madrid, 16 novembre 2007

COORDINATION ANTIFASCISTE DE MADRID


Suivre la vie du site RSS 2.0 | SRA 21 ter rue Voltaire 75011 Paris | sra (a) samizdat.net | Soutien chèques à l'ordre de LAB