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Luttes antifascistes à Saint-Pétersbourg

mardi 26 juin 2007, par Solidarité Résistance Antifa

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3 décembre 2006 : attaque néonazie et ses conséquences. Répression contre les antifascistes anarchistes de Saint-Pétersbourg

Le 3 décembre, un groupe de néo-nazis a attaqué des militants du Comité antiguerre, un collectif qui rassemble des gens d’horizons politiques divers et organise un rassemblement hebdomadaire contre la guerre en Tchéchénie depuis maintenant sept ans. Il y a eu trois blessés dans la bagarre, et un néo-nazi a été arrêté par les flics. Le même soir, un néo-nazi a dû aller à l’hôpital car il avait reçu des coups de couteau, mais on ne sait toujours pas s’il a été blessé pendant la bagarre avec les anars. Un membre du Comité antiguerre a appelé les flics et le bureau du procureur, mais ils ont refusé d’ouvrir une enquête criminelle contre leurs agresseurs. Et nous n’avons pas tardé à découvrir qu’il y avait déjà une enquête en cours… contre les anarchistes qui n’avaient fait que se défendre.

Le 13 mars, les appartements de deux camarades de la Ligue anarchiste de Saint-Pétersbourg ont été perquisitionnés. L’un d’eux, Pyotr Raush, est l’un des plus vieux militants anarchistes de l’ancienne URSS. Tout d’abord, les flics sont allés à l’appartement où il est enregistré mais où il ne vit pas, et ils ont emporté un couteau de cuisine. Puis, des gens habillés en civil sont allés à l’appartement où Pyotr habite en réalité, mais il ne leur a pas ouvert. Ils sont restés aux alentours pendant trois jours, de sorte qu’il n’a pas pu sortir de chez lui. Pyotr ne voulait pas être emmené au poste pour y être interrogé, il ne voulait pas non plus d’une perquisition. Il craignait également qu’on l’accuse d’avoir attaqué un nazi avec le couteau confisqué dans la première perquisition. Après le siège de son appartement, Pyotr a préféré quitter la ville.

Ainsi, une fois encore, cette histoire confirme que les sympathies de nombreux fics et procureurs vont aux groupes et idées néo-nazis et sont, de ce fait, bien peu enclins à travailler sérieusement sur les affaires mettant en cause des néo-nazis accusés d’avoir agressé des miiltants libertaires.

Répression contre les antifascistes soupçonnés d’avoir attaqué le DPNI (septembre 2006)

Le 17 septembre 2006, un groupe d’antifascistes s’est opposé à un rassemblement du DPNI (Mouvement contre l’Immigration illégale), qui est à l’heure actuelle l’une des organisations d’extrême droite les plus populaires en Russe. A la suite de cette action, de nombreux antifascistes ont été arrêtés, puis inculpés : ils vont bientôt passer en procès. En tout, six personnes (des punks et des skinheads, dont certains jouent dans des groupes de musique) sont accusés de hooliganisme et risquent de lourdes peines.

Heureusement, aucun d’eux n’a été placé en détention préventive. Mais l’un des punks a passé un mois dans un hôpital psychiatrique. Les autorités voulaient en effet vérifier son état mental, afin de savoir s’il était en état de servir dans l’armée russe, ce qui, en fin de compte, n’est pas forcément mieux que d’aller dans une prison russe. Toutes les actions de solidarité en direction des antifascistes de Saint-Pétersbourg sont les bienvenues !

Une semaine contre le racisme

En mars 2007, les antifascistes de Saint- Pétersbourg ont pris part à la semaine européenne contre le racisme qui se tient tous les ans dans différents pays. Certains événements prévus dans ce cadre étaient organisés conjointement avec les ONG et des scientifiques qui voulaient également élever leurs voix contre la xénophobie. Il y a eu une conférence de presse tenue par tous ceux qui avaient participé à la semaine (dont les antifascistes et les militants de Food Not Bombs), des expositions de photos, une conférence scientifique au département de sociologie de l’université d’Etat et, bien sûr, quelques actions de rue.

Le 17 mars, il y a eu une rencontre antifasciste. Au départ, il était prévu de faire une manifestation, mais les autorités ne l’ont pas permise, si bien que les militants se sont rendus à leur décision et ont accepté leur proposition de faire une rencontre à la place. Il y a eu une cinquantaine de participants, la plupart anarchistes, de la scène punk. Les slogans principaux étaient : « Personne n’est illégal. » et « Notre ville est une ville de héros. Et vous ? » (Ce slogan fait référence à la résistance présente à Léningrad durant la Seconde Guerre mondiale).

Quelques néo-nazis armés avaient dans l’idée d’attaquer cette rencontre mais ils ont été arrêtés par les flics dès le métro. Un des leurs, envoyé en éclaireur, a tenté de prendre des photos des antifas avec son portable. Puis, ce photographe en herbe n’a rien trouvé de mieux que de mettre ces photos sur son blog : la résolution en était tellement basse qu’aucun détail n’était visible.

Une autre action (que les autorités n’ont pas autorisée) a eu lieu quelques jours plus tard en plein centre de la ville à côté de la cathédrale Kazan. Les antifas y ont déroulé une banderole gigantesque portant une swastika barrée, tout en criant des slogans et en allumant une torche. Les flics étaient partout, mais ils n’ont rien pu faire, et ils n’ont pu arrêter personne ! La vidéo de cette action est sur internet (http://ppiter.indymedia.ru ou sur YouTube).

Un concert secret du fameux groupe skinhead antifa Los Fastidios (soutenus par les groupes locaux, comme Crowd Control, Antiperfect et Next Round) est venu conclure en beauté le 25 mars cette semaine antiraciste. Avant cette date, Los Fastidios avait joué a Petrozavodsk devant 1000 personnes, dont la moitié était venue d’autres villes pour les voir jouer. Inutile de dire que le titre « Antifa Hooligans » a été le plus populaire des deux concerts.

Un autre groupe de néo-nazis arrêté par les flics

En mars 2007, les flics de Saint- Pétersbourg ont arrêté un groupe de six jeunes néo-nazis accusés d’avoir fait exploser un McDonald’s sur la perspective Nevsky, en plein centre-ville. (Ce McDonald’s avait déjà été attaqué par une bande de néo-nazis qui se faisait appeler Mad Crowd, il y a plusieurs années). Dans l’explosion, de nombreuses personnes, dont des enfants et un touriste allemand, ont été blessées. Les vidéos de surveillance ont permis aux flics d’arrêter le groupe qui avait déposé la bombe à l’intérieur du fastfood. Les flics ont dit que les néo-nazis appartenaient à un groupe nommé d’après Dmitry Borovikov, le leader néonazi terroriste abattu par les flics durant l’été 2006. Ce groupe de « fans de Borovikov » se retrouve maintenant accusé de nombreux crimes, dont les attaques perpétrées contre les militants de Food Not Bombs, et les tabassages et assassinats d’étrangers. Mais comme toujours, on ne sait pas très bien s’il faut croire les informations de source policière ; en effet, les flics essaient toujours de donner d’eux-mêmes l’image de ceux qui combattent l’extrémisme et protègent la « loi et l’ordre ».

Les actions du jour de la Victoire

Le 9 mai, jour de la Victoire, un groupe d’antifascistes a déployé une banderole en plein centre-ville, au moment où une colonne de vétérans de la Seconde Guerre mondiale passait dans la perspective Nevsky. « En avant vers de nouvelles victoires ! ANTIFA. Le fascisme a de nombreux visages », voilà ce qu’on pouvait lire sur la banderole ; il y avait aussi une photo du chat noir, emblème anar, détruisant le symbole de l’Empire russe, l’aigle à deux têtes.

Extrait de Franc-Tireur n° 22 - juin 2007


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