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Carlos, notre frère, nous n’oublions pas

mardi 20 novembre 2007, par Solidarité Résistance Antifa

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JUSQU’A QUAND LES FASCISTES CONTINUERONT-ILS A NOUS ASSASSINER ?

Après de nombreuses années d’innombrables alertes et condamnations d’actes racistes, fascistes, violents et discriminatoires, après trop de morts et un nombre incalculable d’agressions, un camarade antifasciste a de nouveau été tué par les nazis. Et il est mort parce que les solutions que nous proposent les institutions officielles ne font rien d’autre que de regarder de l’autre côté et de nous accuser de former des bandes.

En se réfugiant derrière le droit des partis légaux à manifester, tout est permis. Peut-être devrions-nous nous demander qu’est-ce qui fait qu’un parti est légal ou non, quel type de violence est assimilable par le système et lequel ne l’est pas, pourquoi les morts qui sont pauvres, étranger(e)s et/ou antifascistes valent médiatiquement et politiquement moins qu’un distributeur automatique brûlé. Peut-être devrions-nous nous demander quel est le véritable objet de la Loi des partis et pourquoi des partis sont illégalisés et d’autres pas, pourquoi l’existence de partis ou d’organisations qui se déclarent en apparence démocrates et pacifiques, mais qui dans la pratique comptent dans leurs rangs ou parmi leurs sympathisants des éléments qui vont à leurs manifestations avec des couteaux de chasse, est permise. Nous devrions nous demander pourquoi en Allemagne le débat est dépassé depuis très longtemps et pas ici.

Le racisme est la conséquence de la domination de la classe capitaliste qui profite de l’état de précarité des travailleur(euse)s et de leur ignorance pour attiser la xénophobie. Pour créer des têtes de turc qui dévient l’attention qu’ils devraient porter sur eux(elles)-mêmes. Alors que les patron(ne)s augmentent leurs bénéfices en réduisant les coûts et en allongeant la journée de travail, ce que les immigrant(e)s doivent accepter pour survivre, les véritables victimes s’affrontent à leur propre classe sociale et aux groupes néonazis. Nous n’oublions pas Miwa Buene Monake, Congolais de 42 ans, devenu tétraplégique à la suite d’une ratonnade fasciste dont il a été la victime le 10 février dernier à Alcalá de Henares.

Malheureusement, la pensée politique et sociale majoritaire du citoyen ou de la citoyenne et du politique moyen de la société néofranquiste dans laquelle nous vivons est plus proche du bricolage qui consiste à mettre des rustines quand l’opinion publique tire la sonnette d’alarme que de la responsabilité et de la prévoyance d’une administration s’affrontant aux maux.

Carlos ne reviendra jamais. Cette fois on ne peut remédier au mal avec une rustine.

Les rustines ne peuvent pas non plus tenir très longtemps face à la pression que les contradictions existant au sein de l’Etat entraînent. L’Espagne est un pays de capitalisme monopoliste d’Etat, nécessitant un système répressif contrôlé par les grands monopoles qui tend au fascisme, provoquant l’affrontement direct entre la bourgeoisie et le prolétariat. Les contradictions internes du régime donnent lieu à nombre de problèmes qui doivent s’accentuer pour provoquer l’effritement de l’Etat :

En 1975, la monarchie Bourbon a pris le pouvoir, suivant les prévisions de succession établies par le régime franquiste, dans l’intention de maintenir ses privilèges grâce à un ravalement de son image. La Constitution espagnole est le résultat final du subterfuge mis en place par la classe bourgeoise, qui consolide la monarchie, le système capitaliste et l’oppression des peuples dans l’Etat espagnol. Pour cela, il est important de défendre la lutte pour l’autodétermination des peuples, unique garantie d’avancer vers la conquête de leurs droits politiques et sociaux.

Le coup le plus dur qu’a subi le mouvement antifasciste a été le travail de sape mené par le révisionnisme carrilliste [de Carrillo, leader du PCE lors de la « Transition »], dont l’influence perdure jusqu’à aujourd’hui, incitant à l’usage de la lutte politique institutionnelle.

Liquider la mémoire historique est l’objectif de la « Loi de point final », approuvée par le gouvernement du PSOE avec le soutien de la majorité des groupes parlementaires. Une loi non seulement insuffisante et frauduleuse, mais qui met aussi en évidence le système actuel, soutenant implicitement le coup d’Etat fasciste de 36.

D’un autre côté, le droit au logement est une nécessité sociale basique et il a été laissé entre les mains des promoteurs, constructeurs et banquiers, entraînant 3 millions de maisons vides, environ 300 000 à Madrid.

Autour des grandes villes, des banlieues regroupant de grandes zones de marginalisation humaine se sont développées. Un cas récent est la défense des habitant(e)s de la Cañada Real Galiana pour protéger leurs maisons de la tentative d’expulsion de la mairie et de la police.

Le patronat, conjointement aux partis politiques et aux syndicats jaunes, ont établi des lois fascistes contre la classe ouvrière ; un exemple significatif est la « loi sur les étrangers » qui attente à leurs droits fondamentaux et fomente la discrimination des immigrant(e)s, ou la « nouvelle réforme du travail » qui facilite le licenciement des travaileurs(euses), la baisse des cotisations et l’augmentation des bénéfices des patron(ne)s, ainsi que les enchaînements de contrats, les assassinats au travail, le temps partiel et les contrats à durée déterminée...

Mais un tel panorama social ne se réduit pas au cadre de l’Etat espagnol. Les Etats-unis commencent à ne plus pouvoir financer l’occupation de l’Irak et tente de trouver une solution à la situation en dévaluant sa propre monnaie. Cela ébranle le reste des économies mondiales. La Banque européenne a dû prêter 200 000 millions d’euros aux grandes banques pour éviter, littéralement, qu’elles se retrouvent sans liquidités. Les taux d’intérêt ne cessent d’augmenter. Les pays exportateurs de pétrole commencent à refuser le dollar comme monnaie de paiement ce qui entraîne sa chute, qui semble désormais inexorable.

Aux USA, 2 millions de travailleurs(euses) sont sur le point de perdre leurs maisons car ils ne peuvent pas payer les hypothèques correspondantes et il ne nous reste aucun doute quant au fait que tôt ou tard cette situation, qui apparaît déjà dans une certaine mesure dans l’Etat espagnol, deviendra petit à petit le lot commun du reste des économies capitalistes mondiales.

Le cycle capitaliste de prospérité économique arrive à son terme et personne ne peut prédire jusqu’où nous précipitera sa chute. Des temps durs sont à prévoir. Des temps de lutte plus aiguës, et donc des temps de plus forte répression.

Cette situation de dégradation sociale et économique est impossible à soutenir sans un mécanisme répressif qui fait taire les protestations et dissipe les tentatives de réponse populaire organisée. Ainsi, nous voyons aujourd’hui l’augmentation des cas de militant(e)s incarcéré(e)s et de la persécution judiciaire contre les mouvements de résistance.

Des indépendantistes catalans sont cités à comparaître à l’Audience nationale pour avoir brûlé publiquement des photos du roi d’Espagne, figure que, comme nous le voyons, personne ne pourra « outrager » sans se voir acculé par le système judiciaire.

Malgré les nombreuses démonstrations de solidarité, l’Etat maintient en prison de manière illégale la prisonnière politique du PCE(r), Fina García Aranburu, qui est gravement malade.

Le syndicalisme alternatif est menacé, comme nous l’avons vu avec l’incarcération de Cándido et Morala, ou quand les sicaires de Mercadona ont tabassé un membre de la CNT à Barcelone.

La répression contre le peuple basque qui lutte pour le droit à l’autodétermination s’intensifie un peu plus chaque jour, maintenant avec une nouvelle mesure plus proche des temps franquistes que d’une supposée démocratie : l’incarcération de 17 responsables politiques de la gauche abertzale.

A Madrid, l’escalade répressive contre les mouvements sociaux est visible au travers de cas toujours non résolus, comme celui de Kike M. B., brutalement arrêté et torturé dans le quartier de Lavapies en janvier 2006 ; ou celui de Daniel, Manuel et Israel, qui continuent d’être noyés dans un procès-montage judiciaire qui pourrait bien les envoyer en prison à la suite des manifestations étudiantes contre la LOU [loi organique des universités] de 2001.

Les charges policières contre les manifestations pour le droit à un logement digne sont elles aussi victimes de représailles légales, comme cela a été le cas pour de nombreux jeunes arrêtés lors des premières manifestations de 2006 et qui sont aujourd’hui poursuivis pour « trouble à l’ordre ».

Le mouvement pour l’okupation poursuit son essor malgré l’avalanche interminable d’expulsions : La Alarma, le KBO, la Ramona, La Facultad Okupada y Autogestionada, Navalquejigo, el Milano, la Perrera, des logements okupés...

De la même façon, nous lançons un cri de solidarité avec Andrés y Raúl, camarades arrêtés pendant les troubles du 2 juin à Rostock, lors du contre-sommet du G8, qui font face à une condamnation de 9 et 10 mois de prison inconditionnelle et irréductible qu’ils doivent accomplir dans l’Etat allemand.

Malgré toutes les analyses et les différentes approches abordées dans ce communiqué, cette manifestation est dédiée exclusivement à notre camarade Carlos, à notre ami Pollo. Repose en paix.

LA DICTATURE CONTINUE, LA RESISTANCE EST TOUJOURS VIVANTE

Coordination antifasciste de Madrid


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