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Procès d’actions directes à Marseille

mercredi 24 janvier 2001

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Après deux reports de procédure, Yves et William passeront en procès à Marseille les 6 et 7 février pour avoir lutté contre la lepénisation des esprits et de la vie quotidienne à Marseille entre 1991 et 1998.

FTP : un sigle, deux accusés principaux

Le 15 octobre 99, le SRPJ marseillais arrêtait Yves et William considérés comme les auteurs d’une série d’actions visant des locaux du Front national marseillais, une salle de restaurant accueillant un meeting FN, la villa d’un cadre lepéniste, la direction départementale du travail et de l’emploi, le consulat d’Italie, et pour finir le Stadium de Vitrolles où devait se tenir un concert de rock identitaire français à l’initiative de la municipalité mégrétiste. Ces actions revendiquées FTP (Franc-tireurs partisans), échelonnées entre juillet 91 et octobre 98, menées tantôt au cocktail molotov, tantôt à l’explosif, ont conduit à l’incarcération des deux militants.

Yves Peirat, qui assume et revendique seul l’ensemble des actions, est toujours détenu aux Baumettes. Ses demandes de mise en liberté ont été rejetées au motif fallacieux de risques de " troubles exceptionnels à l’ordre public " (alors que Yves avait cessé toute action depuis plus d’un an quand le SRPJ s’est finalement décidé à l’arrêter faute du flagrant délit attendu), mais surtout en raison de " la personnalité de la personne qui n’exprime aucun regret des actes graves qu’il reconnait avoir commis au nom de ses convictions politiques et les assume de façon déterminée ". William Ferrari pour sa part, a été remis en liberté en février 2000 après 4 mois de préventive, et n’est poursuivi que dans le cadre de l’action de Vitrolles, dont les déclarations d’Yves le disculpe. Une troisième personne est poursuivie, mais l’absence d’éléments a conduit l’instruction à la laisser libre, et le procès devrait lever les accusations policières.

L’action armée comme choix politique

L’investissement antifasciste d’Yves n’est qu’un volet des engagements révolutionnaires et internationalistes qui l’animent depuis plus de vingt ans. C’est un militant de terrain, toujours préoccupé par une diffusion sociale de ses convictions par l’investissement dans le tissus politique et associatif marseillais. Avant de faire le choix des armes, Yves a donc vaille que vaille tenté de résister publiquement au double choc de la crise économique et de son corollaire sécuritaire et xénophobe mis en musique par le FN mais instrumentalisé par une classe politique où le PS et ses satellites ont souvent tenu le pupitre de chef d’orchestre.

Le développement de l’appareil lepéniste dans les Bouches du Rhône, et surtout son imprégnation idéologique dans une base sociale de plus en plus étendue, ont conduit Yves à faire le bilan de l’action protestataire et à constater l’impuissance du front des démocrates antifasciste, comme des militants radicaux. Il a donc choisi, face à l’agressivité idéologique de l’extrême droite qui se traduisait aussi par des débordements meurtriers, de répondre par des actions menaçant directement l’infrastructure frontiste. L’échec des actions légales à contrer la violence de l’extrême droite, l’a conduit à un choix légitime de résistance active. Yves a eu raison de s’attaquer directement aux infrastructures du FN quand aucune lutte collective ne parvenait à exprimer d’opposition radicale à la hauteur des nuisances du FN sur Marseille et sa région, ou à l’échelle de l’hexagone. Et pour cause : les démocraties ont toujours eu besoin de contre-exemples pour asseoir leur domination. Le nazisme, l’URSS, l’ennemi intérieur, le terrorisme, l’intégrisme, et le Front national ont été, à des degrés bien sûr divers, les épouvantails indispensables pour nous faire adhérer au " moins pire des systèmes possibles ", tout en masquant ses propres crimes.

L’antifascisme à un tournant ?

L’antifascisme unitaire et démocratique, dont l’Appel des 250 ou le Manifeste contre le Front national étaient les plus beaux rejetons, a fait long feu : l’implosion de son fond de commerce avec la scission FN-MNR ont conduit pour le moins à sa mise en sommeil, que seules des opportunités électoralistes pourraient interrompre avec les prochaines municipales et cantonales . En ce qui concerne la mouvance radicale, l’antifascisme stricto sensus s’étiole, et ses militant-es se tournent depuis quelques années vers les mobilisations "anti-mondialisation " et le terrain économique et social, pour recentrer leurs investissements sur une problématique anti-libérale.

Espérons que le bilan de l’antifascisme radical qui commence à se faire ici où là aidera à trouver des positions, des perspectives et des alliances qui se démarquerons des manifestations rituelles qui contribuent à la reproduction du système par la contestation de ses seuls excès, afin de situer clairement les enjeux en terme de rupture révolutionnaire avec le capitalisme. Yves a sans nul doute le fruit de son engagement à verser dans ce débat. Ce n’est qu’une raison de plus pour le soutenir afin qu’il sorte libre de ce procès.

POUR EN SAVOIR PLUS

Manifestation à Marseille le 3 février (15h30, Porte d’Aix)

Rassemblement les 6 et 7 février (8h, devant le tribunal)

Soutiens à Yves et William

- Solidarité et Résistance antifasciste (SRA), 21ter rue Voltaire, 75011 Paris ou No Pasaran, même adresse, tél : 06.11.29.02.15)
- Anarchist Black Cross c/o Maloka, BP 536, 21104 DIJON Cédex
- Comité de vigilance pour la libération et la défense de William Ferrari et Yves Peirat c/o Théâtre Toursky, Passage Léo Ferré, 13003 Marseille.

Franc Tireur. Un combat antifasciste à Marseille

Ouvrage collectif, préface de Maurice Rajsfus, Editions Reflex, octobre 2000, 110 pages, 40 F en soutien aux FTP (en librairie, ou à l’adresse de No pasaran). Une présentation critique de cet ouvrage, discutable par certains aspects, circule et devrait paraître dans un prochain numéro de La Griffe.

Dossier Fascisme & antifascisme

Numéro commun des revues La Griffe, et Réflexes, automne 2000, 15 F. Ce dossier comprend, entre autres, un article intitulé " antifascisme 15 ans de faux semblant " qui propose un bilan critique très intéressant de l’antifascisme, et notamment des difficultés du courant antifasciste radical à se dissocier de l’antifascisme humaniste et frontiste, en dépit de l’étiquette radicale affichée depuis les origines. Librairie La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe, 69007 Lyon, ou à Reflex/No pasaran.

Philippe, le 24 janvier 2001

Extrait du numéro de février de Courant Alternatif.

Courant Alternatif


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